Par « déchet vert », on désigne le produit issu de la tonte des pelouses, les feuilles mortes, les résidus d’élagage et de débroussaillage, et tous les déchets végétaux des parcs et jardins. En France, on produit 160 kg de déchets verts par personne et par an. On a calculé que 9% des foyers choisissent de les brûler, alors que c’est interdit par la loi 1.
Contre l’incinération, il y a l’argument sanitaire: 50 kg de déchets verts brûlés émettent autant de particules qu’une voiture diesel récente sur 9800 km, ou que la chaudière à mazout d’un pavillon pendant 6 mois. L’autre raison est écologique: dans le contexte du réchauffement climatique, il s’agit de limiter les émissions de carbone.
Justement, les déchets verts représentent un outil de séquestration du carbone: à l’état de compost, ils font augmenter le taux de carbone organique du sol et la capacité de celui-ci à absorber le carbone atmosphérique 2. Utilisés comme paillage sous forme de BRF (bois raméal fragmenté), ils sont les alliés du jardinier pour préserver l’humidité, lutter contre les mauvaises herbes, améliorer la structure… un véritable or vert!
Pierre Pernix, maraîcher à Villebramar, consomme chaque année 24 T de compost de déchets verts pour une surface agricole utile de 4000 m2. Le compost est utilisé comme paillage et comme lit de semence. Après une culture, il est incorporé et améliore la structure comme la qualité du sol. Le recours aux outils mécaniques est de moins en moins nécessaire grâce à de tels apports de matière organique.
Or, la gestion des déchets verts a un coût important pour la collectivité. En Nouvelle-Aquitaine, ils représentent 35% des apports en déchetterie. 285 T de déchets verts rejoignent chaque année la déchetterie de Monclar-d’Agenais. Les frais (transport, usure du matériel, personnel…) s’élèvent à environ 13 000 € par an pour la communauté des communes Lot-et-Tolzac (CCLT). Et la quantité de déchets verts déposés ne cesse d’augmenter!
Grâce au broyage sur place, la CCLT estime pouvoir détourner de la déchetterie 233 T de déchets verts par an. Et économiser une part importante des frais engagés par la collectivité, donc le contribuable, pour leur gestion. Le bilan carbone de l’opération serait amélioré en réduisant drastiquement les déplacements tout au long de la filière de compostage (usagers vers la déchetterie, transporteurs vers les plateformes de compostage).
Le produit du broyage sera laissé à disposition de la commune si les usagers ne souhaitent pas le valoriser dans leur propre jardin. Dans le cas de Villebramar, l’excédent de broyat sera très utile à soutenir l’activité professionnelle d’un agriculteur comme Pierre Pernix, en tant qu’apport de matière organique locale et gratuite. Le maraîcher s’engage à participer à l’organisation et l’opération du broyage.
En conclusion, la mise à disposition d’un broyeur sur la commune a tout d’un bonne solution à la problématique des déchets végétaux. Cette méthode bénéficiera au budget communautaire, allégera l’impact sur l’environnement et encouragera les bonnes pratiques agricoles en fournissant localement de la matière organique à teneur élevée en carbone.
Les modalités et la fréquence de la mise à disposition d’un broyeur communautaire restent à définir. Les méthode de réduction ou de valorisation des déchets végétaux dans le jardin même des particuliers est encouragée 3. Bien sûr, le dépôt en déchetterie restera possible, mais la participation des habitants de Villebramar à la valorisation de l’or vert en circuit fermé est largement préférable!